Salomé Dewaels (dont on remarquera qu’elle avait revêtu un maillot de l’OL pour faire honneur à notre ville !) et Pauline Loquès devant l’affiche de « Nino » à la présentation du film au Comoedia, le 10 septembre ( photo JFM )
« Nino » nous fait partager une situation dramatique relativement courante : un jeune homme apprend qu’il est atteint d’un cancer et que son traitement commence dans trois jours . Nous l’accompagnons durant ce bref laps de temps….
Ce que la réalisatrice, qui est aussi l’auteure du scénario, a bien compris, c’est que pour que nous nous intéressions au personnage, il doit à la fois être proche de nous, pour que nous ressentions de l’empathie, et différent pour que nous portions sur son évolution un regard distancié, objectif. Nino, le personnage, est un jeune homme qui, c’est sa créatrice qui le dit, « est d’une grande vulnérabilité … a des difficultés à se connecter aux autres …ne jouit pas de la vie ». Il porte sur ce qui lui arrive un regard étonné, naïf, qui en fait une sorte de Candide confronté à une situation qui le dépasse. Le coup de génie de Pauline Loquès a été de choisir Théodore Pellerin pour incarner Nino ; cet acteur québécois sait admirablement exprimer les nuances de son personnage, maladroit, confus, lunaire, toujours un peu ailleurs et pourtant si attachant qu’il est proprement irrésistible. Autour de lui, d’excellents comédiens lui donnent la réplique : William Lebghil, le copain chaleureux et attentif, Salomé Dewaels, une camarade de classe retrouvée par hasard, amicale et complice, Jeanne Balibar en mère aimante mais un peu lointaine, ou encore Mathieu Amalric, qui fait une brève apparition touchante et poétique.
Avec légèreté, sans jamais s’appesantir ou mélodramatiser, Pauline Loquès aborde des sujets graves : la maladie, bien sûr, mais aussi la solitude et la reproduction : le traitement risque de rendre Nino stérile, on lui propose de congeler son sperme…Mais ces interrogations existentielles ne gâchent en rien le plaisir que nous prenons à suivre les déambulations de Nino dans son week-end insolite !
« Nino » est un premier film attachant et réussi . Il a été présenté à la Semaine de la Critique , à Cannes. On peut prédire sans trop de risque d’erreur qu’une belle carrière de réalisatrice attend Pauline Loquès !
Jean-François Martinon