« MOI QUI T’AIMAIS » de Diane Kurys, en salle mercredi 1° octobre.

Diane Kurys et Marina Foïs nous ont présent « Moi je t’aimais » à Lyon le 24 septembre . Elles n’ont pas souhaité n’être photographiées à cette occasion.

 

 

Dans les années 70 Simone Signoret et Yves Montand sont un couple très célèbre, sans doute le plus célèbre du cinéma français. Ils sont connus pour leurs succès au cinéma et au théâtre, récompenses par de nombreux prix et aussi par leur engagement  : même s’ ils ont cessés d’être des compagnons de route du communisme – des crėtins utiles comme on dit à Moscou dans les services de la propagande – ils sont de tous les A de la gauche, pour l’indépendance des peuples colonisés comme pour le droit à la contraception ou à l’avortement.

Montand n’est pas un mari fidèle. C’est de notoriété publique et la presse à scandale fait ses choux gras de ses aventures. Signoret en souffre, combat son chagrin par une consommation immodérée de tabac et d’alcool mais, toujours, son mari lui revient et elle pardonne……

C’est à cette situation, plutôt banale, peut-être encore plus à l’époque qu’aujourd’hui, que Diane Kurys s’est intéressée. Avec, bien sûr, cette énorme difficulté que les personnages qu’elle mettait en scène sont très connus, que leur image est dans toutes les têtes . Fallait-il essayer de les représenter « à l’identique « , en déguisant des acteurs jusqu’à leur donner l’apparence des personnages, défi vain quasi impossible à réaliser, ou bien, et c’est le parti qu’elle a adopté avec raison, demander à de bons acteurs de jouer avec le plus d’exactitude possible le rôle de Signoret et de Montand, tout en conservant leur apparence. Ce parti-pris la réalisatrice l’expose habilement des le pré-générique où l’on voit Marina Foïs et Roschdy Zem se faire maquiller avant le tournage d’une scène : ils reçoivent un peu de fond de teint, comme il est d’usage au cinéma, mais ni prothèse ni postiches, ils restent eux-mêmes! Cette manière de faire introduit une distanciation bienvenue entre les acteurs et leurs personnages : ils ne sont pas Simone et Yves, ils interprètent le rôle de ces grandes vedettes . Ainsi quand dans une belle scène Montand ichante «  les feuilles mortes » c’est Roschdy Zem que l’on entend et non un playback de l’interprétation iconique de la cėlėbrissime chanson de Prevert et .Kosma. 

Cela donne beaucoup de justesse au film d’autant plus qu’il s’appuie sur un gros travail documentaire : la réalisatrice, qui est aussi  co-autrice du scénario, c’est aidée d’une gosse masse de publications : interview, écrits de Simone Signoret et d’ Yves Montand mais aussi de  témoignages de proches du couple : certaines phrases que disent les acteurs ont été prononcées telles qu’elles par leurs personnages. Les acteurs ont minutieusement étudié leurs modèles : Marina Foïs nous a dit avoir examiné attentivement Signoret dans ses films et ses interventions à la TV pour saisir «  sa gestuelle » et avoir travaillé avec un coach vocal pour trouver le timbre et le rythme de sa parole. Mais précise-t-elle avec vivacité «  je suis une actrice, pas une imitatrice » et c’est en elle-même qu’elle a trouvé comment jouer le rôle de Simone Signoret,«  quelqu’un que j’aime passionnément, l’idole de mes 16 ans ! » Le film sonne juste même si les auteurs ont inventés beaucoup de scènes ou de répliques : comme le dit une malicieuse déclaration à l’extrême fin du générique « tout est faux sauf ce qui est vrai … »

Sincère, réaliste, émouvant souvent le film est servi par la grande qualité de l’interprétation : tous les acteurs , jusqu’aux plus petits rôles, sont convaincants et motivés. Avec une mention particulière pour Marina Foïs, vibrante et nuancée, qui exprime à merveille, toute en retenue, les facettes de son personnage à la fois forte et fragile, aimante et blessée, cherchant à toujours rester digne. 

En bref «  Moi qui t’aimais «  est une belle réalisation mais l’on ne peut s’empêcher de se demander si l’enjeu en valait bien la chandelle. Car , à part de nous montrer que la vie des gens hors du commun a des aspects bien ordinaires ( ce qui n’est pas franchement une découverte !) que nous importe cette pauvre histoire d’épouse bafouée et de Don Juan pitoyable, condamnés à rejouer sans cesse la même comédie du mensonge et de l’illusion entretenue à grands coups de Whisky et de Calon-Segur, noble cru du Bordelais tout de même  plus presentable que le gros rouge qui tache de l’Assomoir !

Jean-François Martinon

 

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