« La folle journée ou le Mariage de figaro », une ébouriffante création de Lucile Lacaze !

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ZigZart est heureux de compter une nouvelle contributrice : Trina Mounier, bien connue des amateurs de théâtre de Lyon et de sa région , qu’elle éclaire de ses chroniques écrites et radiophoniques !

 

Ébouriffant

Après sa formidable adaptation de Mesure pour mesure* (Shakespeare) récompensé par le Prix Incandescences 2024, Lucile Lacaze créé La folle journée (ou Le mariage de Figaro) aux Célestins qui affichent complet le long des représentations qui se terminent par des ovations et piétinements de jeunes gens ravis. Ce n’est pas rien.

Lucile Lacaze, dont c’est la troisième vraie création y confirme qu’elle est à son aise dans la Cour des grands. Elle maîtrise à la perfection l’art difficile de l’adaptation, signe la mise en scène et une scénographie très habile, se paie le luxe de diriger deux splendides acteurs Thomas Rortais et Mickaël Pinelli et de les intégrer dans la troupe cohérente et hardie que forment les comédiens de La grande panique.

Commençons par la pièce elle-même. Sortant huit ans avant la chute de la Bastille, La folle journée est imprégnée des idéaux prérévolutionnaires : insolence des valets, mise en cause des injustices sociales et de naissance, vitalité des serviteurs face à une noblesse qui prend ses aises avec indolence sans prendre le pouls de ce qui se passe. En l’espèce, le Comte Amalviva songe à remettre en place un privilège qu’il avait lui-même interdit quand il se targuait de jouer les esprits forts. Instabilité des nobles de l’époque…

Cette idée farfelue lui vient en regardant Suzanne, l’amoureuse de Figaro son serviteur. Le droit de cuissage est pratique courante chez les seigneurs.

Comme il entend bien accomplir son désir, ce sont les femmes qui se rebellent et inventent un guet-apens particulièrement malin. Elles sont alors capables de casser les préjugés de classe : la servante fait alliance avec la maitresse, et même avec la rivale Marceline (qui se révèle être la mère de Figaro), et toutes trois contre les hommes…

La pièce dure un peu plus de deux heures mais on ne les voit pas passer, tant la mise en scène est vive, virevoltante même, tant Lucile Lacaze maîtrise la succession des événements, le timing et l’occupation de l’espace. Elle dépoussière Beaumarchais sans le trahir et réussi à introduire un vrai suspens dans cette intrigue cousue de fil blanc ainsi qu’une franche gaieté.

Un mot sur le décor, fait de claustras qui peuvent se refermer comme des pièges, renferment cachettes et secrets, permettent tous les rebondissements. Les costumes y sont pendus à vue, nous rappelant qu’on est au théâtre…

En un mot une vraie réussite qui augure bien de la suite pour cette compagnie qui s’appelle opportunément La grande panique !

La folle journée, ou le Mariage de Figaro de Beaumarchais

d’après La Folle Journée ou Le Mariage de Figaro de Beaumarchais
mise en scène et adaptation Lucile Lacaze

avec Andréas Chartier, Lucile Courtalin, Lauriane Mitchell, Hélène Pierre, Mickaël Pinelli, Thomas Rortais
scénographie Lucile Lacaze, Adèle Collé
chorégraphie Ricardo Moreno
costumes Audrina Groschêne

lumière Lou Morel
son Étienne Martinez

Les Célestins, Théâtre de Lyon : 24 septembre au 4 octobre 2025

Maison des Arts du Léman, Thonon-les-Bains : 10 et 11 octobre

Théâtre d’Angoulême : 12 au 14 novembre

Théâtre de Villefranche-sur-Saône : 2 décembre

Nouveau Théâtre Besançon – CDN : 16 au 20 mars 2026

*Mesure pour mesure sera joué au TNP du 8 janvier au 16 février 2026

PHOTOS @marion Bornaz

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