C’était l’un des plus beaux spectacles de la saison dernière. Marc Lainé nous replongeait dans le bouillonnement politique et culturel des années post 68. Sans nostalgie, mais avec une ironie et un humour décapants pour nous faire partager les grandes illusions de cette période qui aura marqué toute une génération. Et la suivante, tant elle aura été gavée de récits héroïques et de dogmes. Dans « Nos paysages mineurs » , Marc Lainé laissait un prof de philo aussi bavard que prétentieux jouer de son charme pour séduire Liliane, employée dans un magasin, et l’écraser de son savoir. Une histoire banale en apparence, mais écrite au scalpel pour nous rendre témoins et voyeurs d’un liaison née d’un mensonge, jusqu’à la rupture. L’ancien couple se retrouvait en 1992 dans « En finir avec leur histoire » second volet d’une trilogie que l’on découvre cette année.
On ne compte plus les mises en scène qui utilisent les moyens du cinéma jusqu’à nous faire oublier que nous sommes bien au théâtre. Au contraire, la caméra nous emmène au plus près des acteurs avec Marc Lainé, sans jamais chercher à singer le réel. Dans « La chambre de l’écrivain », Paul a bien vieilli, commence à s’égarer, tandis que Liliane se sent trahie par leur fils qui voudrait mettre en scène leurs aventures passées. Marc Lainé accorde une nouvelle fois une grande importance à la musique, jouée en direct par les deux violoncellistes Paolo Rezze et Vincent Segal. Des notes pour ponctuer la fin d’une histoire commencée un demi siècle plus tôt.
-Chambéry, Espace Malraux, jeudi 16 et vendredi 17 (www.malrauxchambery.fr).
-Valence, Comédie, du 4 au 8 novembre (www.comediedevalence.com).
PHOTOS : La fin d’une histoire née dans le bouillonnement des années 70. Photos Marc Lainé