En Île, de  Karine Parquet

Karine Parquet vit à Nantes. Après avoir été diplômée de Sciences-Po Toulouse et de l’Institut Français de Presse, elle a exercé pendant douze ans le métier de journaliste de presse  et de radio avant de devenir scénariste de bandes dessinées, puis éditrice. Elle a créé son agence «Billes en tête»  où elle est animatrice littéraire. Elle a été invitée à Chambéry en mai 2025 pour son premier roman En île, édité chez De Borée.

            Belle-île-en-mer,  au nom évocateur de douceur, héberge pourtant en 1934 une colonie pénitentiaire pour mineurs. La vie y est très dure. Erik serre les dents pour ne pas être trop souvent envoyé au mitard. Il est bientôt majeur . Il sera relâché bientôt.« Il découvrait la mer, obsédante, infinie. La mer dont il ne goûtait encore que les embruns. Mais la mer, son horizon, sa seule raison d’oublier son ventre, ses muscles endoloris et les hurlements de la colonie. » (p. 54) … « heureusement il y a la mer» qui les enferme et pourtant qui leur ouvre un horizon sans limites, la liberté la-bas, au loin.

Éloi, un jeune garçon de huit ans, fragile, est puni gravement pour une broutille : il a mangé le fromage « un minable bout de brie » avant la soupe. « La faute est grave. Et les matons veillent. Il est saisi au col-baque. Flanqué à terre. Roué de coups. Piétiné »

Cela provoque immédiatement l’indignation  de ses compagnons d’infortune. C’est  la révolte chez les colons. Ils profitent d’échelles posées dans la cour pour se faire la belle. Cinquante enfants s’évadent. Erik sait bien que toute tentative est vouée à l’échec. On ne s’échappe pas facilement d’une île. Pourtant il décide de suivre le mouvement, surtout pour aider Éloi.

Sur l’île il y a aussi une conserverie de poissons. Le travail est ingrat. Ida, la trentaine, y est contremaîtresse. Elle étête les sardines. Son mari, thonier, est souvent absent. Elle se sent cloîtrée. Seule . Mais il y a la mer. Ida, comme les autres îliens, n’a pas conscience de ce qui se passe derrière les grilles de la maison d’éducation : autre mot, même captivité.

Les destins se croisent. Ida recueille les fugitifs et les nourrit quelques jours. Puis Erik confie Éloi à Ida pour le faire soigner, il est très mal. Erik retourne à la colonie. Mais l’enfant disparaît. Ida court  à sa recherche « dans la bruyère vagabonde, de son nom latin Erica vagans… Eric »

Le roman suit Éloi, Erik et Ida qui évidemment tissent des liens. On croise d’autres personnages en particulier le journaliste du Phare de la Loire qui ne comprend pas cette mutinerie : les enfants sont bien traités, lui  a expliqué le directeur…

Karine Parquet nous livre un roman tendre et dur. Par son écriture incisive, des phrases courtes , percutantes, parfois en vers libres, elle nous immerge dans la conserverie, le milieu des pêcheurs, et la colonie pénitentiaire. Elle nous fait vivre une période peu connue. Une plume magnifique et pleine de fraîcheur.

                                                                       Claude GUEST

Photo: « En île », premier roman de Karine Parquet, publiée aux éditions De Borée.

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