
« Silence, ça tourne », au TNP, un des spectacles du festival « Sens Interdits » ( photo Danish Saroee )
Le festival courageux qui rend Lyon fier
Sens interdits, c’est un festival courageux. Il donne la parole à des troupes qui ont bien du mal à s’exprimer dans leur pays. C’est sa raison d’être depuis le début, en 2009 : faire entendre des voix empêchées, des histoires qu’il n’est pas facile d’accueillir car elles nous content les douleurs du monde. Mais c’est aussi et avant tout un festival de théâtre, exigeant sur la qualité des artistes. Montrant la misère sans concession, il n’est jamais misérabiliste et son ambition est de redonner à ces auteurs, acteurs, musiciens… la place qu’ils méritent. Il faut donc les soutenir, aller les repérer alors même qu’ils se cachent souvent, puis les aider à organiser des tournées et publier leurs livres afin que tout ne s’arrête pas le lendemain des représentations.
Pour mieux comprendre le travail de Sens interdits, prenons l’exemple de Tatiana Frolova. Cette autrice et metteure en scène russe a été de toutes les éditions de Sens interdits. D’abord depuis la petite ville de Komsomolsk-sur-Amour où la petite équipe regroupée autour d’elle faisait vivre un petit théâtre dénué de tout. Invités à Lyon par Patrick Penot, ils nous ont éblouis par leur capacité à nous émerveiller avec quelques bouts de ficelle et des tessons oubliés. Mais ils faisaient naître en nous des émotions neuves et fortes.
Ils sont revenus, ont trouvé refuge à Lyon quand leur pays est entré en guerre contre l’Ukraine et reviennent encore cette année avec I’m fine (« je vais bien »), dont le titre dit assez le propos : comment se réinventer, comment vivre tout simplement quand on a tout perdu ?
Chrystèle Khodr nous parle, elle, de son Liban à partir de témoignages et d’archives. Hend Jouda de Gaza, ô ma joie, etc… Ils viennent d’Argentine, du Chili, de Chine, de Palestine, de Taïwan, du Rwanda… Chaque parole est singulière, donnée dans sa langue (surtitrée). C’est le monde qui entre sur les plateaux.
Allez-y. Vous en sortirez plus ouverts, plus curieux, plus riches. Ce festival vaut tous les détours !
Sens interdits du 10 au 31octobre dans les salles de la Métropole
TRINA MOUNIER




4 photos de « I’m fine » aux Celestins, festival « Sens interdits » ( photos Julie Cherki )