Bill Plympton à la rencontre de presse, au Comoedia, le 20 octobre (Photos JFM )
On regrette parfois qu’on ne tourne plus de westerns, que les dessins animés qu’on nous propose soient formatés pour le public des enfants de maternelles et non pour adultes ou que rares soient sur nos écrans les films où la musique joue un rôle majeur : « Duel à Monte Carlo del Norte » s’inscrit en faux contre toutes ces affirmations. Le film de Bill Plymton, sortant (enfin) le 5 novembre, est un superbe film d’animation pour adultes, un authentique western « à l’ancienne » où s’affrontent sans merci les bons et les méchants et il est bercé de bout en bout d’une superbe musique country, due à Maureen McElheron !Trois raisons d’aller voir ce film inclassable, entièrement dessiné « À LA MAIN » par son auteur qui a réalisé, seul, les 40000 dessins de personnages et tous les décors que compte le film, n’acceptant d’aide que pour la mise en couleur !
Durant notre entretien, Bill Plympton n’a cesse de dessiner….
Mais si le film a mis sept ans à voir le jour, ce n’est pas à cause de son mode de fabrication artisanal mais pour des raisons financières. En effet, les Américains d’aujourd’hui croient, dur comme fer, que le dessin animé est un genre exclusivement réservé aux enfants — idée inique qui doit faire se retourner dans sa tombe Betty Boop, l’effrontée ! —. C’est pourquoi aucun producteur de ce pays ne se risque à miser un seul dollar sur un film d’animation pour adulte ! Bill Plympton a eu donc grand mal à boucler son budget, pourtant relativement modeste de 1,28 million de dollars. Il a apporté lui-même une bonne partie des fonds, multipliant pour ce faire vente de livres ou de dessins originaux, caricatures politiques ou dessins publicitaires dans la presse, cours et conférences rémunérées, toutes activités chronophages que l’épidémie de Covid a rendu encore plus difficile à trouver. Signalons fièrement que la France, par l’intermédiaire de « Cinema du Monde », une agence du CNC, a participé à ce tour de table ce qui a permis de financer la mise en couleur du film réalisée par les studios auralpins de Folimage. Ce sont eux qui ont proposé la dominante sépia qui différencie « Duel » des autres films de Bill Plympton, plus multicolores.
Aujourd’hui encore, le film n’a pas de distribution aux USA, alors qu’il sort en France mais aussi en Espagne, en Allemagne et en Corée du Sud ! Souhaitons qu’un succès à l’export lui ouvre enfin les portes de son pays natal.
« Duel à Monte Carlo Del Norte » est une réussite incontestable. À mi-chemin entre « Règlements de Compte à O.K Corral » et « Les Aventures de Lucky Luke », il nous promène, entre nostalgie de l’Ouest de la conquête et critique des États-Unis d’aujourd’hui, avec ce qu’il faut de conviction féministe ou écologique. Un régal !
Jean-François Martinon
À la fin de la rencontre, l’auteur a tenu à offrir à chacun des participants un dessin autographe. Je ne résiste pas au plaisir de vous montrer le mien !
