Loïc Lantoine, un homme à prendre aux mots

Un jour comme ça par surprise, on entend une voix, un truc à part qui vous décolle des habitudes. Vous tendez l’oreille pour voir si c’est bien vrai tout ça, pour voir si vous n’entendez pas de travers. C’est qui ce type là qui chante, plutôt qui parle en chantant, qui vous scande des mots pleins de sens, de ceux qui vous accrochent au premier vers, qui trinquent à la santé de la poésie. Car vous êtes sûr que c’en est un, pas de doute.

C’est des histoires de morve des contes de gars content

de p’tit môme à sa mum de brouillon débutant

Qu’a lâché les tétons pour jouer les têtus

Qui tâtonne et s’étonne mais qui fait le velu

Terrifié d’infini étranger à la mort

J’étais le pas d’accord qu’en revoulait encore

quand en gosse je m’agace je repense à la grâce

D’une mamie émue qui m’disait d’une voix classe

Qu’j’étais quand même un rude chameau

Et le gars il a la voix si rauque, qu’elle semble tout droit venue des profondeurs de la mine, de là où ça rabote et lime le charbon des mots. Des mots à l’anthracite, tout juste sortis de la forge, que ça vous flanque un coup de grisou dans les tympans.

On a du

Brouillard dans l’cigare

Mais on refuse d’être dans l’cirage

Quand dans le bordel on s’égare

C’est pas qu’on essaye pas d’être sage

On en trouve encore à nous dire

Qu’on a rien compris à la vie

Arrête un peu ou on va rire

Ou explique si t’as envie

C’est vachement compliqué d’être né

Mais c’est marrant d’être vivant

On est tout le temps étonné

Et pis… et pis on s’ra pas mort avant

Alors c’est quoi, c’est ça la vie hein ?

Bah ça résonne

Boum, boum, badaboum

Et ça ne s’arrête pas, ça roule comme un tambour, une marche joyeuse, qui vous taille un morceau de choix dans la chair des mélodies. C’est là qu’on retrouve le complice, le frérot de langage, François Pierron, contrebassiste et compositeur. Y’a pas de fumée sans eux, c’est le duo qui fait la chanson, c’est du Loïc Pierron, du François Lantoine.  Sans oublier les autres musiciens complices, qui en cours de route rejoindront le duo, Éric Philippon, Joseph doherty, Thomas Fiancette….

Ce sont les flammes d’une colère

Qui viennent embraser le regard

De l’éparpillement de mes frères

Mes copains du c’est pas trop tard

C’est une joie démesurée

De faire les grandes découvertes

De nos histoires sans passé

De nos conneries recouvertes

Notre fierté d’être sans haine

Et de retourner au charbon

En gueulant « les gars faut qu’on s’aime 

Et le chemin sera moins long »

Et c’est pas fini et ça continue

Vas-y patron sers-moi un rêve

Je te le paierai en fou rire

Il est pas l’heure de la trêve

Si la scène est l’univers qu’ils arpentent en saltimbanques des planches, ils n’en n’oublient pas pour autant le studio. Les chansons sont toujours crées et jouées en public avant que d’être enregistrées. Badaboum (2004), Tout est calme (2006), à l’attaque (live 2008), j’ai changé (2013), Nous (avec le Very Big Expérimental Toubifri Orchestra, 2017) Fiers et tremblants (avec Marc Nammour, 2021) ainsi que deux albums en collectif en 2010 l

Les étrangers familiers, et Ronchonchons et compagnies.

On a vieilli dans nos croisements

C’est d’autres gens qu’en sont sortis

C’est réussi on est plus grands

Mais maintenant y’a moins d’ici

Je les ai vues toutes vos rencontres

Contre la montre vous m’avez plu

Je n’ai rien su de toutes vos hontes

Vous étiez nus

J’étais tout contre

Loïc Lantoine est un homme à prendre aux mots, je vous en donne ma parole.

Didier Venturini

PHOTO : Tout est calme et J’ai changé, deux des albums de Loïc Lantoine.

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